Le métissage de science-fiction

Publié le 31 Août 2014

Il est temps de revoir nos jugements sur le cinéma français : contrairement aux idées reçues, nous sommes des champions dans le genre de la« science-fiction ». Oh, certes, nos films fantastiques à nous ne se déroulent pas dans l'espace et n'ont pas d'aliens qui menaceraient la planète. Nos films à nous ont comme théatre l'héxagone, et leur thème favori est le métissage idylique.

J'en veux pour preuve deux « héroic-fantasy » produits dernièrement dans nos studios : 

Dans « Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu ? » de Philippe de Chauveron, une famille de connards frenchouillards, bien bourgeois, bien à droite – donc bien cons, forcément – ont quatre jolies filles qui dédaignent leurs congénères tous plus fades et fâlots les uns que les autres. Ces quatre blondinettes ramènent alors à leur parent quatre beaux gendres issus de la "diversité" : un asiatique, un arabe, un juif et un noir. Alors bien sûr, ça s'engueule, ça pose quelques problèmes, mais à la fin tout le monde s'embrasse et fait même des affaires ensemble. Les parents réac's arrêtent de lire le Figaro et partent faire le tour du monde, heureux, enfin, de s'ouvrir.

 

Aliens, Star wars et Matrix peuvent aller se rhabiller. Dans une France de l'assimilation en panne complète, au communautarisme envahissant et au racisme, qui va avec, grandissant – voilà un vrai divertissement qui dépayse. C'est beau. 

Samba pousse le fantastique encore plus loin. On sent l'ambition d'Eric Toledano et d'Olivier Nakache, ses réalisateurs : dépasser Avatar et Inception au box-office. Le monde dans lequel ce film nous transpose est un univers qui dépasse tout ce que la science-fiction avait pu imaginer jusqu'alors. Jugez donc : une bourgeoise parisienne tombe amoureuse d'un « sans-papier » et va s'occuper de lui dans une France odieuse aux policiers patibulaires et à la législation néo-fasciste. Grandiose ! Voilà quelque chose qui, assurément, n'arrive pas tous les jours. En général, dans la réalité morne et triste, le sans papier se fait régulariser assez facilement, vit mieux avec toutes les aides que la France lui procure que s'il avait du rester dans son propre pays, et la bourgeoise, qui vote à gauche, se contente de donner cent balles à des associations pour sans-papiers mais se marie avec un type comme elle, pour s'assurer quand même le bel appart dans le centre de Paris et les soirées mondaines dans le Marais pour briller en parlant de théatre et d'art contemporain, tout ce dont, bien sûr, le sans-papier sénégalais n'a pas forcément en tête. 

Mais la science-fiction sert à ça justement : nous transporter ailleurs. C'est cent fois réussi.

 

Allez, j'arrête de rire, et je conclus par un aphorisme du Marteau, mon premier livre : 

Ce que signifie l’idéal du métissage – Ce sont les mêmes qui en appellent sans cesse au respect de la différence, au légitime droit à la différence, et qui passent leur temps à vouloir annihiler toutes les singularités du genre humain par le biais d’un métissage généralisé et complet. La contradiction ne leur saute pas aux yeux ;bornés comme ils sont, ils ne voient guère qu’à travers des poncifs illusoires et idéaux qui se ramènent tous à une idée simple : les frontières et les identités produisent les guerres et les antagonismes ; aussi, les détruire amènerait la paix et l’amour. Si l’on ajoute à cela, en Europe, une haine de l’européen pour lui-même, l’on tombe immanquablement sur tous les hymnes au métissage avec lesquels l’on nous abreuve aujourd’hui. Jusqu’à présent, tous les accomplissements qui firent honneur à l’humanité procédaient d’une donnée évidente : l’amour de soi-même, une image quasi fantasmée et transfigurée du soi. Pas de grandeur sans confiance et amour de soi… L’amour des autres n’est que le mauvais amour de soi-même disait même le Zarathoustra nietzschéen… En somme : moins l’on s’aime, plus l’on se méprise et plus l’on se hait, plus l’on a de l’appétence pour l’étranger, pour ce qui n’est pas soi. Etre subjugué par l’étranger signifie ne plus être subjugué par soi-même. On se rappelle ces récits contant les femmes gauloises qui, du haut de leurs remparts d’Alésia, montraient leurs jolis seins aux conquérants romains. Il est à supposer qu’elles sentaient qu’il en était fini de la gaule gauloise… On se rappelle aussi tous les récits des explorateurs européens qui, rencontrant les indigènes, étaient frappés par leur empressement à les jeter dans les bras de leurs épouses ou de leurs filles, afin d’avoir des descendants ressemblants à ces étrangers qui les subjuguaient alors. A contrario, je me rappelle aussi les grandes civilisations à leur apogée, les Grecs et les Romains par exemple, qui se méfiaient de tout ce qui venait de l’étranger et qui méprisaient tout métissage. Si l’on compare tout cela avec l’esprit des modernes, si prompt à vouloir à tout prix métisser l’occident, il faut avouer que, psychologiquement, c’est aussi révélateur qu’intéressant.

Le Marteau

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