Le crépuscule, l'Islam et Houellebecq

Publié le 28 Janvier 2015

Le crépuscule, l'Islam et Houellebecq

Voilà longtemps que je n'ai pas publié sur ce blog. Le temps me manquait, mais je vais reprendre la parole peu à peu. En tout. C'est prévu, et ça arrive.

 

En attendant plus lourd, je romps le silence pour évoquer un peu le roman de Michel Houellebecq, « Soumission ». Traitant des sujets d'actualités aussi brûlants que l'Islam et la France, l'opportunité est on ne peut plus parfaite.

D'abord, je tiens à dire que tous les journaleuses, critiques mes couilles, littérateurs au bon cœur et hommelettes politiques, qui ont classé et catalogué ce roman dans la catégorie des rances et des zemmour sous prétexte « d'islamophobie », n'ont tout simplement pas lu le livre ou sont tellement bornés qu'ils ne parviennent même plus à comprendre ce qu'ils lisent. « Soumission » n'a rien d'islamophobe : au contraire, un homme, un véritable, a presque envie de se convertir à l'Islam à l'issu de sa lecture. Et c'est d'ailleurs là tout le problème.

Ce qui est visé dans « Soumission », c'est la France, c'est la République, et c'est même, d'une certaine façon, le christianisme. C'est l'âme européenne moderne (ou occidentale, pour ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, « européen ») qui est une nouvelle fois la cible de Michel Houellebecq, sans doute l'un des écrivains français les plus intelligents, ou en tous cas, à défaut d'être styliste, un des plus pertinents. « Soumission » retrouve le souffle, ou plutôt, justement, l'absence de souffle, de ses premiers romans, « Extension » et « Les particules », dans leur sévère et implacable critique de la modernité occidentale, de son épuisement déprimant, de son absence de perspectives, de son impossibilité d'être collée à un corps métaphysique vide et insignifiant. L'amour, le rapport homme/femme, la politique, l'économie, la culture, le spirituel : tout semble agonisant et insupportable en Occident, tout semble promis à la mort, tout semble bloqué, en un mot : impossible. Houellebecq est le grand écrivain de la description de notre décadence. Il restera pour cela, mais sa tâche, depuis « Les particules », est aussi de tenter de trouver une voie possible, une possibilité d'avenir, un chemin pour nous sortir de cette impossibilité et de cette dépression occidentales. On le sait, dans « Les particules », l'homme moderne finissait par résoudre les contradictions de la modernité et son invivable épuisement dans un horizon biotechnique qui voyait la génétique modifier à ce point les êtres humains que ceux-ci devenaient autre chose, afin de pouvoir continuer, un peu, à être. Dans « Soumission », l'homme moderne d'Occident, pour s'en sortir, ne va pas devenir autre chose, il va devenir l'Autre, en l'occurence, musulman : ce qu'il n'a jamais été et ce contre quoi il s'est longtemps battu. Mais ce faisant, il retrouvera un chemin, il retrouvera la vie, le sens du sacré, un rapport aux femmes à nouveau signifiant, des perspectives politiques, un monde entier dans lequel se projeter, lui qui, jusque là, incroyant en tout, clignait des yeux et tournait en rond.

En réalité, Houellebecq défonce tous les modernistes et déconstructeurs soixante-huitards convertis à la civilisation libérale dont a parlé Zemmour dans son « Suicide Français ». Il les défonce, montrant leur nullité et leur nature profondément nihiliste, mais les défonce à la Houellebecq, c'est à dire sans passion, sans aucune tentative de révolte, actant la mort et la puanteur et ne songeant pas une seconde à une possible résurrection. Pour cette raison, la lecture de Houellebecq, pour des mecs comme moi (c'est à dire de droite, ou, pour les gauchistes, « fachoos »), est tout à la fois réjouissante et profondément déprimante. Elle valide tout ce que l'on pense de cette civilisation pourrie par toutes les « bonnes âmes » modernistes, progressistes, libérales, démocrates (au sens de Tocqueville), humanistes (au sens de Kundera) et tchandalas gauchisants, mais elle nous dit aussi que nous ne pouvons rien n'y faire, que la gangrène a pris, que les métastases sont partout, qu'on ne guérira plus jamais. Aucun retour en arrière n'est possible, et nous les vivants, nous les traditionalistes, nous les hommes, sommes désormais trop peu nombreux pour revivifier le corps social de nos vieilles patries. Le christianisme, le nationalisme, notre identité, nos traditions, ont épuisé leur antique puissance. Adieu la beauté, l'amour, l'honneur, la force, la passion, la grandeur. Adieu, l'Europe.

Avec Houellebecq, on sait à qui envoyer la facture. Mais qui va payer ? Qui, puisque nous ne pouvons plus le faire par nous mêmes, peut nous « sauver » ? Dans « Soumission » on l'aura compris, ce sont les musulmans. Eux ont gardé encore un peu de sève. Un peu de vie. Ils peuvent redonner à nos société une colonne vertébrale, redonner à l'homme et à la femme un rôle qui les dépasse, nous rendre le sens de Dieu et de l'existence, nous donner un nouvel horizon politique (un empire romain méditerranéen), etc. Le palimpseste du livre de Houellebecq, ce qui est écrit entre les lignes, c'est que les musulmans peuvent faire revivre l'Europe et remplir à nouveau notre regard.

Le drame, c'est qu'il n'a sans doute pas tort. Mais cela soulève tout de même un sérieux problème : les musulmans peuvent faire revivre l'Europe, peut-être, mais uniquement en la biaisant totalement. Faut-elle qu'elle se soumette à ce qui n'est pas elle pour vivre encore un peu ? Voilà qui se conçoit, mais qui n'est franchement pas acceptable.

Que cela soit acceptable ou non, Houellebecq s'en fout complètement, et il a raison de s'en foutre, lui qui n'est un « locataire », qu'un observateur « irresponsable », selon ses propres mots. Mais nous ? Nous, nous sommes destinés à tout faire pour tenter de redonner un sens à ce que nous sommes, par nous et pour nous. Je sais qu'on crèvera à le tenter, et je ne sais si nous y parviendrons. Il n'empêche : l'honneur nous y oblige. Et après, après ! ma foi, si nous n'y arriverons pas, l'après sera de toute façon pour les autres, pour les flammes de l'enfer ou pour l'islam, ou pour les chinois, ou pour les lianes de la jungle, qu'importe.

Qu'importe après tout.

 

Quoiqu'il en soit, l'après nous sera de toute façon moins beau et moins noble.

Publié dans #journal

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G
Quelques erreurs orthographiques ou autres : « c'est-à-dire » (et non « c'est à dire »), « nous ne pouvons rien y faire » (et pas « nous ne pouvons rien n'y faire », « lui qui n'est qu'un locataire » (et pas « lui qui n'est un locataire »), « si nous n'y arrivons pas » (et non « si nous n'y arriverons pas ».<br /> Cordialement.
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L
Le pédagogue :<br /> <br /> <br /> L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.<br /> L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de pays, de nationalité, d’Etat.<br /> L’Islaam c’est ce qui unit les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate) où qu’ils soient, sur la base du Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers.<br /> Alqoraane est la continuation, la synthèse et le parachèvement du Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers.<br /> Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix (sallaa Allaah ‘alayh wa sallame), a eu pour mission de le transmettre.<br /> Assonna a trait à la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.<br /> Lorsqu’on parle de hadiite (hadite, hadiith, hadith), cela renvoie à ce qui a été rapporté concernant la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.<br /> Alqoraane n’a de sens qu’avec Assonna et Assonna ne peut exister sans Alqoraane.<br /> Assonna procède d’Alqoraane.<br /> L’Islaam se résume dans le témoignage (achchahaada) qu’il n’y a d’Ilaah (Divinité) qu’Allaah et que Mohammad est le Messager d’Allaah, l’accomplissement de la Prière (assalaa, assalaate), l’acquittement du prélèvement purificateur (azzakaate), le jeûne du mois de ramadaane (assawme) et le pèlerinage (alhajj) à la Maison Sacrée d’Allaah (bayte Allaah alharaame, que symbolise Alka’ba, la Kaaba à Makka, la Mecque).<br /> À cela, il faut lier la Foi (aliimaane) et le Bienfait (alihçaane).<br /> La Foi est de croire à Allaah, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses Envoyés, au Jour Dernier la Résurrection) et à la Prédestination qu’il s’agisse du Bien ou du Mal.<br /> Le Bienfait étant d’Adorer Allaah comme si nous le voyons car, si nous ne le voyons pas, Lui nous voit.<br /> (Contenu de la réponse faite à l’Ange Jibriil (le ″r″ roulé), Gabriel, paix sur lui, par Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.<br /> Hadiithe rapporté dans ″Sahiih Moslime″, Recueil authentique de Moslime).<br /> ʺLes musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les obéissants et les obéissantes, les loyaux et les loyales, les endurants et les endurantes, les craignants et les craignantes, les donneurs d’aumône et les donneuses d’aumône, les jeûneurs et les jeûneuses, les gardiens de leur chasteté et les gardiennes, ceux qui invoquent beaucoup Allaah et les invocatrices, Allaah leur a préparé un Pardon et une Récompense Immense. Il n’appartient pas à un croyant ni à une croyante, une fois qu’Allaah et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allaah et à Son Messager, s’est égaré d’un égarement évidentʺ.<br /> Alqoraane (Le Coran), sourate 33 (chapitre 33), Alahzaab, Les Coalisés, aayate 35 et aayate 36 (verset 35 et verset 36).<br /> Les représentations, les fantasmes, les mythes et tout ce qui en découle, ne peuvent jamais anéantir cette Vérité.<br /> Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’État (ou la même institution appelée autrement) des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part.<br /> Les ʺÉtats″ qui prétendent l’être sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement et autres.<br /> L’Islaam les dénonce, les rejette, les condamne, les combat.<br /> L’État des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part, mais les membres de la communauté (alomma, la matrie) des croyants et des croyantes sont partout et seront partout, par la miséricorde d’Allaah, jusqu’à la fin de l’existence ici-bas.<br /> Pour ce qui est des êtres humains, le Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers, est adressé à toute l’humanité.<br /> Les bavardages stériles, les divagations hystériques, les discours mensongers, les commentaires désobligeants, les déclarations arrogantes, les campagnes de dénigrement, les insultes continues, les vexations répétées, les sous-entendus outrageants, les élaborations humiliantes, les propagandes malfaisantes, les tromperies constantes, les combinaisons funestes, les amalgames cruels, les menaces ouvertes, les attaques brutales, les entreprises de démolition et autres pratiques immondes recourent au faux pour entretenir et maintenir la confusion, l’imposture.
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C
Excellente et profonde réflexion.<br /> Je serais tenté de dire qu'il reste la Russie.<br /> Mais comment des morts pourront-ils se réveiller, pour seulement tendre la main à ce qui peut les sauver ,<br /> Les Européens occidentaux sont des cadavres qui essaient de remuer encore en tuant et en éructant. Mais la fin est proche, et ça pue sacrément !
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L
Il ne faut pas prendre Houellebeq trop au serieux, Soumission est une pochade destinee a provoquer les bien pensants en brouillant les cartes plus qu' une vision du futur. L'auteur prouve une nouvelle fois qu'il survole le debat avec virtuosite et il est selon moi toujours aussi drole.<br /> <br /> Si l'Occident est decadent, l'Orient est en pleine degenerescence. D'un cote, un colonisateur qui perd son leadership et de l'autre, un colonise qui se cherche de nouveaux maitres en convoquant un noble passe fantasme. <br /> Bref les barbares sont aux portes de Rome mais les islamistes ne peuvent exister sans l'Occident car l'islam politique a deja echoue partout. Le salut de l'Islam politique passe par l'Europe !
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K
Je n'ai pas (encore) lu le roman de Houellebecq mais je trouve cette idée de reviviscence de l'Occident par l'islam fonciérement absurde.<br /> Il est évident qu'il y a un sourd désir de soumission chez l'Occidental contemporain, qui n'est que l'issue logique de l'autonomie radicale qu'il revendique. Mais si l'Occident était capable de retrouver des valeurs civilisatrices en se soumettant par lui-même à l'islam, il n'y resterait pas soumis bien longtemps. Jamais l'islam n'a pris en Occident, et jamais il ne prendra car c'est une foi trop simpliste pour nous, trop &quot;réaliste&quot; (dans le sens où elle est ancrée dans la réalité d'un milieu étranger et d'une époque révolue). A supposer que la soumission à l'islam ne soit pas un fantasme régressif et passager de &quot;retour à la tradition&quot;, elle ne servirait que de catalyste, et, comme au Moyen-Age, risquerait rapidement de se retourner contre l'islam lui-même.<br /> Si par contre on parle d'une soumission venue (ou imposée) de l'extérieur, je vois mal l'&quot;Oumma&quot; actuelle, qui n'est ni économiquement, ni techniquement, ni moralement supérieure à l'Occident, et dont la démographie est en chute libre, soumettre l'Occident tout entier sans s'occidentaliser elle-même considérablement. Les seuls à pouvoir assumer une réelle volonté de conquête sont les salafistes de tendance djihadiste, et on ne peut pas franchement dire que leurs pratiques revivifient quoi que ce soit...
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